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Le galeriste Emmanuel Perrotin et ses artistes font une donation de vingt-trois œuvres au Centre Pompidou

« Pourquoi devoir attendre leur mort pour que les artistes entrent au musée ? » s’interroge le galeriste Emmanuel Perrotin, qui annonce qu’il va offrir, sous l’appellation « Donation Perrotin et artistes », vingt-trois œuvres aux collections du Musée national d’art moderne (MNAM), à Paris, l’équivalent financier de plusieurs années de son budget. Les artistes ont renoncé à leur vente, et le galeriste à sa commission, pour voir ces créations enrichir le Centre Pompidou. Elles vont s’ajouter aux deux sculptures de Xavier Veilhan représentants les architectes Renzo Piano et Richard Rogers (1933-2021), implantées sur le parvis du Centre Pompidou qu’ils ont conçu, et que l’artiste et le galeriste, avec la complicité de Thierry Costes, propriétaire du café proche, ont déjà offert ensemble au musée en 2017.
Le budget d’acquisition du MNAM, tous secteurs confondus, est d’environ 2,5 millions d’euros annuels, l’un des plus faibles au monde pour un établissement de cette importance. Donc l’institution enrichit principalement ses collections grâce à la procédure de la dation – le paiement en œuvres des droits de succession –, grâce également à l’action essentielle de sa société des amis, de la fondation américaine du Centre Pompidou créée par Dominique de Ménil (1908-1997), mais aussi grâce à des collectionneurs ou à certains artistes qui ont fait d’importantes donations. Cruellement fauché depuis des décennies, le musée est obligé de quémander. Ce qu’une des œuvres offertes, signée Maurizio Cattelan, semble souligner : sa sculpture hyperréaliste représentant un sans-abri faisant la manche, assis sur le sol, ne va pas déparer l’endroit…
Emmanuel Perrotin pratique ainsi une forme de renvoi d’ascenseur : « Je n’ai pas oublié que lorsque j’étais une jeune galerie avec de jeunes artistes encore abordables, le MNAM m’a parfois acheté des œuvres, ce qui était une énorme fierté et un bel encouragement. Cela fait bien longtemps que j’ai ce projet en tête », précise-t-il, mais certains conservateurs étaient réticents à faire entrer le marchand dans le Temple. « La nomination de Laurent Le Bon [président du Centre Pompidou] et de Xavier Rey [directeur du Musée national d’art moderne] a rendu la chose possible. Ils ont été à l’écoute et ont accompagné une démarche qui, je l’espère, fera école. »
Ce n’est pourtant pas la première fois que des galeristes font des donations aux musées français. La plus importante sans doute pour le Centre Pompidou fut celle de Louise Leiris (1902-1988), qui avait repris la galerie Kahnweiler, le marchand des cubistes. Avec son mari, l’écrivain Michel Leiris (1901-1990), ils ont offert près de 200 œuvres en 1984. Suit celle du galeriste – et résistant – Daniel Cordier (1920-2020) en 1989, désormais pour une grande part déposée à Toulouse, mais il était alors retiré des affaires depuis bien longtemps. Idem pour celle de Liliane et Michel Durand-Dessert au Musée d’art contemporain de Saint-Etienne, qui avaient fermé leur entreprise.
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